Pourquoi suis catholique
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Pourquoi je suis catholique

Gilbert Keith Chesterton

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Préface de l'abbé François-Marie Chautard.

   « Parmi les innombrables œuvres de Chesterton il y en a une où l’influence de la foi est la plus manifeste et à mon sens c’est aussi son meilleur ouvrage. De tous ses livres, c’est de loin le plus profond et le plus clair ; et j’aimerais qu’il serve à éprouver le sens critique de tout lecteur. Qu’on lise cet essai, des derniers qu’il publia, et qui fut donné au monde. » Hilaire Belloc
   Baptisé anglican, agnostique à l’adolescence, Gilbert Keith Chesterton (1874-1936) devint un fervent anglo-catholique à la fin du XIXe siècle. Assoiffé de cohérence intellectuelle et morale, l’auteur des Hérétiques et d’Orthodoxie poussa sa quête religieuse jusqu’à professer le catholicisme romain en 1922, étape déterminante dans sa carrière littéraire. Ce processus de conversion au catholicisme n’est d’ailleurs pas étonnant dans une Angleterre marquée par érosion spirituelle et modernisme, qui poussent de grands intellectuels à retrouver la foi des leurs pères.
   Il ne fut toutefois pas de bon ton de se faire « papiste » au pays marqué encore par la haine ou du moins la méfiance vis-à-vis de Rome. Le célèbre écrivain-journaliste prolifique se fit du coup l’apologète de l’Église catholique à travers des ouvrages et d’innombrables essais polémiques paraissant tant dans les journaux britanniques que dans la petite presse catholique du Royaume-Uni. Le meilleur de ces articles de la fin des années 1920, toujours empreints de réflexions paradoxales, fut publié en 1929 sous le titre Pourquoi je suis catholique, traduit ici pour la première fois.
   L’on verra que la conversion de Chesterton n’a pas modifié un style unique, contribuant même à le rendre plus limpide. L’ouvrage, particulièrement lucide sur les problèmes de son époque, garde toute son actualité dans un Occident en butte à de multiples tribulations sociales, sociétales, à l’athéisme, au matérialisme, à l’islam et aux fausses spiritualités.
   Une traduction fidèle, dotée d’une présentation et de notes explicatives de Wojciech Golonka.

   Gilbert Keith Chesterton naît à Londres le 29 mai 1874. Contemporain de George Bernard Shaw et d’Oscar Wilde, il est l’auteur de plus d’une centaine d’ouvrages : récits policiers (les célèbres enquêtes du père Brown), poésie, philosophie, biographies ou apologétique chrétienne. Il meurt le 14 juin 1936 dans sa maison de Beaconsfield, dans le Buckinghamshire. Jorge Luis Borges, saluant « la félicité enfantine ou divine que laisse entrevoir chaque page de son œuvre », reconnaissait en lui l’un des géants des lettres anglaises.
   Wojciech Golonka est polonais. Il a soutenu en 2013 une thèse sur le « Réalisme thomiste de G.K. Chesterton : portrait philosophique d’un écrivain ». Docteur en philosophie de l’université jagellonne, il a été enseignant et vice-recteur de l’Institut universitaire Saint-Pie X. Il dirige actuellement plusieurs projets internationaux de traduction d’œuvres inédites de G.K. Chesterton.

Dans la presse

Présent, samedi 13 mai 2017

CHESTERTON Analyste de nos « dissociétés » actuelles

   Wojtek Golonka a été le maître d’œuvre de la parution de Pourquoi je suis catholique, recueil d’articles de Chesterton nouvellement traduit en français. Il fait partager son enthousiasme et sa profonde connaissance de l’œuvre du polémiste anglais.

   — Quelle est l’origine de cette traduction de Chesterton ?
   — En septembre 2013, après avoir soutenu une thèse sur Gilbert Chesterton, j’ai proposé aux étudiants de l’Institut Universitaire Saint-Pie X, où j’enseignais, de réaliser une traduction collective d’une œuvre de valeur, alors encore inédite, résumant les articles de polémique religieuse chestertonienne de la fin des années 1920. Le projet a rapidement dépassé les frontières de notre établissement, rassemblant 27 participants internationaux. Les écrivains Jean Monneret et Patrick Gofman ont apporté leur précieuse contribution ; une amie suisse, Marie Pedroni, a traduit à elle seule huit chapitres du livre. En avril 2015, alors que l’essentiel du travail était terminé, le même ouvrage paraissait aux éditions Climats. Connaissant les difficultés posées par l’original anglais, je me suis rendu compte que cette parution, malgré un style français fluide agréable, contenait de graves erreurs de traduction et copiait sans intelligence et sans mention les notes d’un universitaire américain. Cette copie irrecevable nous servit d’avertissement stimulant. Aux lecteurs de juger si nos efforts de rendre un travail sérieux ont abouti.

   — Les titres de chapitres sont savoureux (« La logique et le tennis », « L’hindou nordique » par exemple). Sont-ils la traduction fidèle des titres originaux ?
   — C’est du Chesterton pur jus ! Mais aussi la mode de titres devinettes, ne s’éclairant qu’à la lecture des pages concernées. Par contre, pour la traduction du texte, j’ai laissé aux participants du projet la liberté d’une variante plutôt littérale, imitant de près le style délectable (ou irritant !) de Chesterton, ou d’un travail allant au contraire dans le sens d’une réécriture de certains passages suivant le génie de la langue française. De mon côté, j’ai veillé à la fidélité conceptuelle du texte par rapport à l’original et doté l’ensemble d’un appareil critique riche de 300 notes explicatives. J’ai aussi essayé d’éclairer les passages obscurs en harmonie avec d’autres œuvres de l’auteur. Le préfacier et recteur de notre Institut, M. l’abbé François-Marie Chautard, a organisé les relectures néces- saires. Le résultat définitif est une traduction chestertonienne destinée au grand public mais digne des exigences universitaires.

   — Quels sont vos liens avec l’association des amis de Chesterton ? Envisagez-vous des traductions d’autres inédits en français de Chesterton, s’il en reste ?
   — Mes échanges avec Philippe Maxence sont réguliers, fructueux et cordiaux. Il a une capacité irremplaçable de perception de l’œuvre chestertonienne en lien avec les richesses de la littérature française ou mondiale que je n’ai pas. Nos projets communs de mise en valeur de l’héritage chestertonien concernent, entre autres, la collection « Les Amis de Chesterton » qu’il dirige aux éditions Via Romana. Dans le cadre des 500 ans de la Réforme protestante, nous ferons intervenir un témoin de poids (proverbial). Le témoignage de ce célèbre converti paraîtra sous forme d’une synthèse, Le Protestantisme vu par G.K. Chesterton. Bien entendu, l’œuvre prolifique du journaliste anglais ne se limite pas aux questions religieuses, et nous envisageons quelques titres portant davantage sur les questions « sociétales » ou politiques (nationales et internationales). Chesterton était un visionnaire qui entrevit et réfuta d’avance les problèmes de nos « dissociétés » actuelles. Une partie de cette sagesse attend encore d’être traduite et nous y travaillons activement.

   — Vous avez consacré une thèse de doctorat en philosophie à Chesterton. Comment en êtes-vous arrivé à choisir ce sujet ?
   — Un ami polonais, Lukasz Kluska, m’a fait le cadeau « empoisonné » de La Sphère et la Croix et du Nommé Jeudi de Chesterton, lectures qui, dans mon cas, se sont avérées addictives. Travaillant alors en librairie, j’ai dévoré le rayon chestertonien. Commençant en parallèle ma thèse de doctorat, l’étude de la pensée de ce génie unique était pour moi un choix naturel. Entre-temps nous sommes, je crois, devenus de bons amis, et après ma soutenance je suis allé visiter les lieux où il a vécu. Certains songent à le béatifier ; à mon sens, c’est à considérer sans se hâter. Mais certainement sa tombe au cimetière de Beaconsfield mérite d’être visitée davantage.

   — Quel est votre livre préféré de Chesterton ? Quel est celui dont vous recommandez la lecture à quelqu’un qui souhaite le découvrir ?
   — Pourquoi je suis catholique m’a vraiment ébloui par la puissance de ses réflexions. Même les non-chrétiens tireront profit de cet art rhétorique de la réduction à l’absurde et goûteront dans ces pages un contemplatif rare, extrayant la substantifique moelle des concepts, au risque de paraître paradoxal à ceux qui ont perdu l’émerveillement devant le réel. Je n’ai jamais autant ri qu’avec Le Supervivant. C’était lors d’un vol d’avion et il me fallait choisir entre l’arrêt de la lecture ou la poursuite de mes éclats de rire au milieu des passagers étonnés. J’ai choisi leur étonnement... L’Auberge Volante est un ouvrage prophétique et d’espoir sur la présence du Croissant en Europe. Et il est aussi très drôle. Napoléon de Notting Hill plaira aux militants patriotes ; Michel Collins s’en est inspiré pour l’Irlande. J’avoue avoir peiné au départ avec Saint Thomas du Créateur, dont je n’ai saisi le génie qu’à la deuxième lecture. Ne vous découragez donc pas ! Certaines traductions n’aident pas à dépasser les difficultés posées par le style chestertonien ou l’obscurité ponctuelle, résultat de son travail hâtif au milieu de multiples articles à écrire, ouvrages à préfacer, conférences à donner etc. C’est pourquoi je suis très reconnaissant à Patrick Gofman et Colette de Bonnafos de leurs fidèles conseils littéraires précieux à chaque fois que je travaille sur le sujet.

Propos recueillis par Anne Le Pape

Nouvelles de Chrétienté, n° 166, juillet-août 2017

Dès 1920, le P Joseph de Tonquédec s.j. signalait non seulement l'évidente originalité, mais aussi l'importance doctrinale de l'œuvre de G.K. Chesterton. Il y notait une robuste critique du scepticisme ambiant, et il établissait un parallèle avec la soif d'absolu d'un autre converti, Ernest Psichari.

   "Foin du libéralisme doctrinal, qui n'est jamais sûr d'avoir raison, qui ne profère son opinion qu'en l'entourant de réserves et en la retirant à demi, qui prodigue des égards pareils à toutes les croyances, les traitant comme des vérités égales en droits, ou comme les aspects, les "moments" divers d'une même vérité en évolution perpétuelle. Chesterton se campe dans l'attitude inverse. (...)
   "Chesterton est le témoin d'une révolution qui est en train de s'accomplir sous nos yeux. Le culte de la nuance imprécise, le souci de n'être tout à fait conquis par rien fait place en beaucoup d'esprits au besoin du catégorique et de l'absolu. Les échos de ce changement s'entre-répondent des deux côtés de la Manche. Un jeune Français, Ernest Psichari, trace ces lignes : "Je sais que nous ne serons pas des sceptiques, que nous choisirons, que toujours nous voudrons choisir. Nous ne sommes pas de ceux qui veulent tout concilier, tout aimer. Que les délicats s'en aillent donc !... Il faut ici un regard ferme sur la vie, de toute franchise, de toute clarté..."
   Dans Pourquoi je suis catholique, dont une traduction française vient d'être publiée par Via Romana, Chesterton nous montre l'impérative nécessité des mots justes au service des idées vraies. C'est un véritable réquisitoire contre la "langue de bois", ou "la langue de buis"... ce bois dont on fait des chapelets de banalités creuses, destinées à recueillir l'air du temps.

   Lorsque nous sommes harcelés et raillés à propos de notre obstination à dire la messe dans une langue morte, nous sommes tentés de répondre à nos interlocuteurs qu'apparemment on ne peut leur faire confiance en leur laissant le soin d'une langue vivante. Lorsque nous voyons ce qu'ils ont fait de la noble langue anglaise, en comparaison de l'anglais du Prayer Book anglican (à fortiori du latin de la messe !), nous avons l'impression que c'est leur progrès qu'on pourrait bien qualifier de dégénérescence.
   Une langue dite morte ne peut jamais dégénérer. Même eux, à coup sûr, pourraient comprendre que l'on s'y cantonne à une époque où (dans le vernaculaire) le mot immaculé est dit seulement du plastron des snobs ; où le mot onction signifie non pas l'Extrême-Onction, mais uniquement une rectitude onctueuse. Il est inutile de noter une fois de plus comment les qualités morales ont perdu leur aspect spirituel et avec celui-ci toute leur dignité, leur délicatesse et leur attirance spontanée vers le surnaturel. La charité qui était le cœur ardent du monde, est devenue une appellation pour des organismes mesquins et pompeux, qui de nos jours reviennent généralement à l'asservissement du pauvre.
   Mais il y a plus d'exemples subtils de cette dégénérescence des mots désignant les idéaux. Par exemple, l'aliénation du mot courage par la presse contemporaine est encore pire que la dépréciation de l'idée de charité.
   N'importe qui vivant dans la sécurité et le luxe complets, ayant décidé d'écrire une pièce ou un roman provoquant de l'émoi ou des échanges de compliments à Chelsea et à Chiswick, et un léger frisson dans Streatham et Surbiton, est qualifié d'audacieux, quoique personne sur terre ne sache quel est le danger qu'il a défié. Je parle bien sûr des dangers terrestres, ou des seuls dangers auxquels il croit. S'entendre flatter de façon extravagante par tous ceux qu'il considère comme éclairés, et recevoir de plutôt faibles réprimandes de ceux qu'il considère comme démodés et vieux, ne semble pas un péril si épouvantable, au point qu'il faille regarder comme un guerrier héroïque et un martyr militant celui qui a la force de l'endurer…
   Il y a peu de temps le critique théâtral d'un journal du dimanche s'est lui-même pris d'une frénésie d'admiration pour le "courage" d'une sale pièce lamentable, parce qu'elle représentait un soldat délirant comme une femme hystérique contre la cruauté de ceux qui s'attendaient à ce qu'il défende son pays. C'est peut-être amusant que son idée du courage consiste à défendre la couardise. Mais c'est le genre de défense de la couardise que nous avons entendu dix mille fois pendant la réaction qui a suivi la Grande Guerre, et le courage qu'il faut pour le proférer est tout aussi grand que le courage nécessaire pour proférer n'importe quelle autre citation rebattue des clichés et des conventions du moment, comme les bagatelles sur l'absurdité du mariage ou sur la personnalité sympathique de Judas Iscariote. Ces choses sont devenues tout à fait banales, mais elles prétendent encore être courageuses. C'est ainsi qu'on a connu de faux soldats paradant en uniforme après que la guerre eut été finie.
   L'Église catholique, en tant que gardienne de toutes les valeurs, garde aussi la valeur des mots. Ses enfants ne tomberont pas, j'espère, dans cette folie confortable des conventions. Nous n'avons pas besoin de feindre que les catholiques d'aujourd'hui sont appelés à montrer du courage suivant les critères des catholiques d'autrefois. Cela nécessitait un certain courage d'être catholique quand cela impliquait la réticence catégorique ressentie par la plupart d'entre nous à être torturé ou déchiré avec un couteau. Cela nécessitait un certain courage quand il y avait non seulement une possibilité intermittente d'être mis en pièces par la foule. Même ceci, notre subtile psychologie humaine le regarde avec un certain dégoût.

978-2-37271-040-4
48 Produits

Fiche technique

Couverture
souple
Date de parution
Avril 2017
Dimensions
13,5 x 20,5 cm
Pages
362
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