Histoire du citoyen
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Histoire du citoyen

Jean de Viguerie

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Le citoyen, sujet de ce livre, est la créature de la Révolution française. Il est « l’être nouveau »...

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Le citoyen, sujet de ce livre, est la créature de la Révolution française. Il est « l’être nouveau ». Les manuels de droit l’ignorent. Il est encore sous nos yeux. Il ne se reproduit pas lui-même. C’est l’éducation nationale qui le reproduit.

   Il est armé depuis sa naissance. « Aux armes citoyens » est sa devise. Il combat pour les Droits de l’homme, prend la Bastille, renverse le trône, fait inlassablement la guerre aux rois, aux empereurs et aux dictateurs. Il fournit en victimes les grandes tueries des guerres contemporaines.
   Il est républicain depuis l’instauration de la République en 1792, et ne peut pas ne pas l’être, s’identifiant à une république qui n’est pas un régime politique, mais un mythe, une idéologie, des « valeurs ». Si la République disparaît, il travaille sans relâche à son retour et la fait revenir. C’est le cas par exemple en 1875 et en 1945. Si la République a des ennemis intérieurs vrais ou supposés, il les accable de sa vindicte. Il les tue. Il tue les prêtres réfractaires en septembre 1792, et les Communards en 1871.
   Aujourd’hui sa vindicte est la même, mais sa mission a changé. Il ne fait plus la guerre aux nations étrangères. Il a été désarmé. Sa nouvelle mission consiste à promouvoir la « diversité ». Dans ce nouveau combat il mobilise avec lui la société toute entière. L’entreprise, la banque, les équipes sportives, les actions humanitaires, tout doit être citoyen. C’est encore un combat. Le citoyen ne doit jamais cesser de combattre. Il est dans la servitude et ne saurait l’accepter s’il ne votait pas, mais il vote et on le fait voter de plus en plus. Le scrutin l’aide à vivre en lui procurant l’illusion de la liberté.

   Jean de Viguerie est professeur émérite des universités. Il est l’auteur de nombreux ouvrages portant sur le XVIIe et le XVIIIe siècle, ainsi que sur la période révolutionnaire, notamment Le Sacrifice du soir : Madame Élisabeth (Le Cerf, 2011), et Histoire et dictionnaire du temps des Lumières (Robert Laffont, coll. Bouquins, 1995).

Présentation sur YT

Dans la presse

Recension sur Le Rouge et le noir

Les 4 vérités hebdo, n°966, 31 octobre 2014

   Jean de Viguerie est probablement l’un des meilleurs historiens du XVIIIe  siècle – et, tout spécialement, de la période révolutionnaire. Il avait naguère admirablement distingué les « deux patries » : la patrie charnelle et la patrie idéologique des révolutionnaires. Il revient sur ce sujet avec cette Histoire du citoyen. Comment se fait-il que ce citoyen, héros de la patrie révolutionnaire, soit passé de la xénophobie exacerbée des jacobins à l’accueil sans mesure de la « diversité » ? Viguerie l’explique fort bien : son « identité » se confondant avec son appartenance idéologique à la gauche, elle peut être aussi facilement xénophile que xénophobe… en étant toujours aussi nuisible à la France réelle !
Guillaume de Thieulloy

Famille chrétienne, n°1928-1929, 27 décembre 2014

   La Révolution a voulu créer un homme nouveau, abstrait, sans famille ni pays. Ni religion bien sûr, explique Jean de Viguerie dans son dernier livre.
   Dans le charabia médiatico-politique environnant, le mot « citoyen », en principe substantif, est devenu un adjectif. On disait autrefois un citoyen. On dit aujourd'hui un débat citoyen, un comité citoyen, une démarche citoyenne… Le mot « civique » a disparu. Trop ringard. Être citoyen, c'est moderne. C'est républicain. C'est même révolutionnaire.
   C'est ce dernier aspect que Jean de Viguerie, en historien des idées qu'il est, a choisi de traiter dans ce livre. Plus précisément : la naissance et l'histoire du citoyen tel que la Révolution française l'a conçu. Le citoyen, explique-t-il, c'est l’« être nouveau » que la Révolution entend créer. Pur « produit de la philosophie des Lumières », c'est un être imaginaire, abstrait, qui n'existe pas. Il se définit par « ses droits, par ses besoins et par ses intérêts ». Il est seul, il n'a pas de famille ; sa famille, c'est la nation – révolutionnaire s'entend. Il est utile (contrairement aux vieux, aux handicapés, aux religieux…). S'il oublie de l'être, l'État y veillera. Notamment grâce à l’« Éducation nationale », – l'expression date de cette époque.
   C'est un homme étrange que ce citoyen. « Il a une patrie, mais ce sont les droits de l’homme », écrit Jean de Viguerie. C'est un homme hors-sol, il n'a ni croyance religieuse, ni profession, ni métier. Cet « être nouveau » correspond à l’« ordre nouveau » né de la Révolution.
La révolution de 1789 réduit l'homme et le diminue
   L'apparition de cet homme nouveau est pour l'auteur un événement capital, qu'il va jusqu'à comparer à l'Incarnation : « Après la naissance du Rédempteur (si l'on retient la réalité historique de l'Incarnation), la naissance de l'“être nouveau” appelé citoyen, est le fait le plus important de l'histoire de l'humanité ». Peut-on vraiment mettre les deux événements sur le même plan ? Ce n’est pas tout à fait ce qu’écrit l’auteur, mais on peut dire que l’“être nouveau” est une réponse à la venue du Sauveur. « L’Incarnation élève l’homme et le renouvelle, poursuit l’auteur. La révolution de 1789 le réduit et le diminue. » Et d'enfoncer le clou en citant l'historien Xavier Martin : l'œuvre de la Révolution consiste, selon le vœu de Rousseau, à « transformer l'homme pour mieux le socialiser ». - Le transformer, c'est-à-dire le « libérer » de toutes ses attaches traditionnelles, religieuses, nationales, familiales ; le socialiser, c'est en faire une monade adaptable à la volonté politique des gouvernants (et aujourd'hui à la stratégie des grands groupes). La société, dès lors, n'est plus qu'un ensemble d'individus que rien ne relie et que tout sépare, puisqu'ils ne sont animés que par leur égoïsme et leurs intérêts. Il y a dans la Révolution un projet démiurgique : le citoyen, être révolutionnaire, en sera le fruit et l'instrument.
   Cette analyse est très éclairante. À sa lumière, l'auteur retrace l'histoire des deux derniers siècles, en tout cas les épisodes les plus significatifs. On comprend mieux, ainsi, la société actuelle. On comprend que la république n'est pas seulement un régime politique mais aussi un mythe – d'où les cris d'orfraie lancés à ceux qui ne seraient pas « républicains ». On comprend que notre société divisée, atomisée, minée de l'intérieur par l'individualisme, n'en est plus vraiment une. On comprend le rôle prépondérant joué par l'État, devenu par la force des choses tentaculaire et omnipotent, chargé qu'il est d'assurer tant bien que mal, et plutôt mal que bien, la cohésion de la société. C'est le mérite de ce livre que de nous en faire prendre conscience.
Charles-Henri d’Andigné

La Nef, n°266, janvier 2015

   Apparu dès les premières journées de la Révolution française, au milieu de ses enthousiasmes ou de ses fureurs, le citoyen, tel que l'aura vu s'épanouir notre XIXe siècle, allait offrir un triple visage : 1) citoyen armé, il renverse les trônes ; 2) citoyen soldat (ou soldat citoyen), il tient en lisières les débordements populaires ; 3) citoyen électeur, il porte aux urnes le bulletin de vote qui crée ou consolide, en 1852 le réveil bonapartiste, en 1875 la nouvelle légalité républicaine. Depuis lors, dit Jean de Viguerie, ce citoyen électeur, la caste politicienne peut compter sur lui. « Il est sa meilleure garantie. »
   Une réalité moins pittoresque, toutefois, doit être mise en relief. S'étant hissés au sommet de l'État, devenu lui-même plus qu'à moitié l'instrument d'exécution politique des volontés de la caste économique dominante, parlementaires et ministres, presque tous adeptes, sous Marianne III, de la gauche bourgeoise, et phraseurs professionnels, se souciaient des prolétaires (abandonnés à I'alcoolisme, à la dégradation physique, à la lugubre poésie des faubourgs) comme d'une guigne. Habiles à en soutirer les suffrages, le scrutin passé, ils leur tournaient le dos. Cela aussi fait partie de l'histoire du citoyen.
Michel Toda

Faits et documents, n°386, 15-30 novembre 2014

   Le professeur émérite des universités Jean de Viguerie signe une passionnante Histoire du citoyen (bibliographie, index), cet « être nouveau » créé par la Révolution française (déjà bien étudié dans les différents ouvrages de Xavier Martin) et reproduit depuis lors par l’Éducation nationale. L’auteur poursuit l’histoire de ce personnage multiforme qui n’est qu’une simple création mentale (qui a déjà rencontré un “citoyen” ?) jusque dans les années 2010, avec l’apparition de sa nouvelle acception : « Le nouvel adjectif “citoyen” s’applique à toutes institutions ou personne morale favorisant la “diversité” ».
Emmanuel Ratier

Reconquête, N°318, mai 2015

   Autrefois, sous l'Ancien Régime, les ressortissants de l'Etat royal étaient des "sujets". Le mot a pris absurdement une connotation péjorative alors que nul ne se choque que l'on soit assujetti à l'impôt et assujetti encore à toutes les formes de lois, toujours plus nombreuses et contraignantes. Le sujet était celui ou celle qui était soumis avec ses devoirs (mais aussi, du moins en France, avec ses droits) à une autorité "souveraine" ou encore dite "absolue", c'est à dire libre, dégagée de toute dépendance. Cela ne signifie nullement illimitée ou encore totalitaire.
   Avec la Révolution française on a substitué le citoyen au sujet. Le "libre citoyen" est devenu le fondement de l'ordre nouveau, l'homme d'ailleurs ne pouvant, selon l'idéologie révolutionnaire, être libre qu'en étant citoyen.

Quand on analyse bien notre Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, on peut observer qu'il s'agit plutôt, et ce n'est pas rien, d'une déclaration des droits de "l'homme citoyen". Enorme nuance. Et puisqu'il ne peut plus être considéré comme citoyen, celui qui refuse la conscription ou la constitution civile du clergé, alors il n'est plus un homme. On peut donc l'éliminer comme une bête nuisible, le mot revient souvent pour justifier les beaux tableaux de chasse des Carrier, Westermann et autres Turreau. [...]
   Ce sera l'œuvre de la "régénération républicaine" que de faire passer les hommes qui en sont dignes de l'état de sujet à celui de citoyen par les vertus de la théorie du contrat social, de l'éducation et plus précisément par la pédagogie telle que pensée et enseignée notamment par Jean-Jacques Rousseau et les autres philosophes des Lumières. L'ordre nouveau sera dès lors totalement citoyen ou plutôt totalitairement. Dieu lui-même, rappelle Jean de Viguerie, devra devenir citoyen ! [...]
   L'Histoire du Citoyen s'inscrit ainsi dans la continuité de l'œuvre de Jean de Viguerie, spécialiste du XVIIIe siècle et en particulier de l'idéologie des Lumières et de la Révolution. Mais ici, la fresque de Viguerie déborde ce siècle pour aller jusqu'à notre temps. Il nous montre bien la funeste spécificité de la conception française de la République. Cette République ne se ramène pas à sa signification étymologique de "chose publique", ce que l'on peut encore désigner avec une acception plus chrétienne comme le "bien commun".
   Cette République n est pas la recherche empirique de ce qui convient le mieux pour la paix et surtout la continuité de la communauté de destin qu'est une patrie. Elle est avant tout une idéologie manichéenne de la citoyenneté. Est bien ce qui est "citoyen". Est nuisible ce qui ne l'est pas.
   L'ouvrage de Jean de Viguerie nous retrace magnifiquement l'histoire de la domination depuis la Révolution de cette dialectique manichéenne. On pourrait ajouter que c'est dans le droit fil de cette idéologie que l'on impose l'idée que l'embryon n'est pas un citoyen et que l'homme en fin de parcours ne l'est plus. Justification "citoyenne" de I'IVG et de l'euthanasie.
   Certes on ne se souciait pas beaucoup de la personne humaine avant 1789. Mais depuis, c'est le "citoyen" qui l'écrase.  
Bernard Antony

Renaissance Catholique, N°136, mars / avril 2015

   Dans son nouveau livre, paru en 2014 chez Via Romana ,Jean de Viguerie offre une présentation d'un des grands mythes issu de la Révolution et qui semble, à notre époque, retrouver une vigueur qu'on ne lui savait plus. Cette étude complète donc l'analyse des autres grands mythes révolutionnaires déjà réalisée par l'auteur, notamment dans son essai Les deux patries. Pour citer l'introduction : "Le citoyen n'appartient pas au droit. Il est un mythe, et le droit n'a rien à faire des mythes. II est l'un des mythes révolutionnaires - avec la République et la Patrie, toutes deux associées aux droits de l'homme. Il fait partie de la mythologie révolutionnaire." Voilà pour la pertinence du sujet à notre époque post-chrétienne, post-révolutionnaire et post-moderne, mais l'intérêt de l'ouvrage est avant tout de retracer les heurs et malheurs de cette notion depuis son émergence dans l'intervalle du 10 au 17 juillet 1789 ("l'œuvre des sept jours"), jusqu'à son paradoxal état actuel qui mêle antiracisme compassionnel, cosmopolitisme peu exigeant et dés-essentialisation totale de l'être humain, en passant par ses différents avatars: "peuple en armes", "héraut de la civilisation", "nation armée", "peuple résistant", "peuple républicain", etc. Baptisé dans le sang du prévôt des marchands Flesselles, assassiné par la foule le jour de la prise de la Bastille, le citoyen est ensuite consacré par "la nation, l'Eglise et le roi" (p.30), forme ses milices pour combattre les traîtres (p. 34) et instaure la pensée unique: "Les bons citoyens ne peuvent avoir qu'une façon de penser  et on les reconnaît surtout à leur respect pour les décrets de l'assemblée nationale" affirmeront les Jacobins (p. 42).
   La "première fissure" dans cette belle unanimité de l'être nouveau-né de la Révolution se forme cependant dès décembre 1790, avec le décret Voidel : de fait, la volonté du citoyen étant émancipée, toute religion extérieure à la loi (issue de la "volonté générale") devient une contrainte intolérable. D'inutile, la religion devient nuisible quand elle fait de ses zélateurs des ennemis de la Nation : "La loi est une divinité, l'obéissance est un culte" (p.52). La proclamation de la République, de toute façon, réduit à néant les prétentions des individus, qui ne comptent que comme citoyens (ce qui explique qu'en octobre 1792 le terme de courtoisie "Monsieur" est officiellement remplacé par "citoyen"). Mais il s'agit aussi de garantir la pérennité de l'Être nouveau et le moyen est tout trouvé : le 13 juillet 1793, Robespierre lit la proposition de Le Peletier de Saint-Fargeau : "Tout ce qui doit composer la République sera jeté dans le moule républicain" (p. 112) : l'Éducation nationale et citoyenne voit le jour. Il faut également remplacer l'Église, moraliser cet être nouveau, et l'envoyer porter la bonne nouvelle aux autres nations, en abattant "l'hydre féodale" partout en Europe. De ce point de vue, l'œuvre de Bonaparte cherche à affermir les réalisations révolutionnaires (par le biais du Code Civil notamment), mais tout a déjà été semé auparavant et le XIXe siècle devra simplement laisser assez de temps afin que tout cela germe et s'enracine plus profondément.
   [...] Cette attitude explique aussi la fureur véritablement révolutionnaire qui se déchaîne lors de l'Épuration (p.238): il s'agit d'avertir tous ses ennemis qu'on ne peut pas impunément rompre avec l'individualisme absolu joint au totalitarisme étatique le plus complet qui, ensemble, caractérisent l'idéologie républicaine. Par la suite, le citoyen s'affranchit du cadre national étroit (p.241). [...]
   Le livre, pour finir, aborde des questions d'actualité, pour tenter d'esquisser ce que l'on entend par "citoyen" de nos jours [...].
   Aujourd'hui que tous les bons citoyens se déclarent Charlie et que le Président peut espérer une nette remontée de sa popularité dans les sondages, le petit livre de Jean de Viguerie offre, par les yeux d'un historien, un aperçu du grand flou qui caractérise ces manifestations "citoyennes" et du caractère factice de cette "unité nationale" que certains journalistes et hommes politiques voudraient manifestement souder par le "traitement" de tous les empêcheurs de tourner en rond, ennemis implicites de la Démocratie, en bonne logique révolutionnaire. La Révolution française, qui occupe une bonne moitié du livre, offre de ce point de vue bien des parallélismes avec notre époque, bien moins violente pourtant : on se proposait alors de renverser les trônes par les piques citoyennes, on prétend aujourd'hui combattre l'islamisme en brandissant des crayons sur les places parisiennes ; dans les deux cas, les citoyens seraient bien embarrassés de définir précisément, au-delà des grands mots vides de la République, ce pour quoi ils luttent... L'ouvrage de Jean de Viguerie, redisons-le, pour finir, permet de mieux distinguer les causes de cet aveuglement.
Nicéphore

 

Action Familiale et Scolaire, n°237

   [...] un ouvrage remarquable et fort utile pour ceux et celles qui souhaitent comprendre pourquoi il est impossible de sortir de l'impasse dans laquelle nous nous trouvons sans renoncer radicalement aux mythes fondateurs de la pensée politique moderne. [F]ruit de l'observation raisonnée d'un historien spécialiste du "Siècle des Lumières" conduite loin du tumulte des jeux politiciens et étrangère à toutes les polémiques. Pourtant, son étude précédente sur un thème similaire, Les deux patries, a suscité, chez certains, quelques interrogations, peut-être parce que le constat, pourtant réel et vrai, apparaît comme trop exorbitant pour les hommes modernes que nous sommes tous, peu ou prou. En fait, il n'en est rien même s'il est difficile d'admettre qu'une substitution, dont on mesure aujourd'hui tous les effets néfastes, ait pu se produire à notre insu. [...] Histoire du citoyen apporte un éclairage complémentaire et totalement nouveau sur les raisons profondes de l'acceptation, quasi unanime, d'une telle évolution. La raison principale peut se résumer en un seul aphorisme : pour changer durablement la société, il faut changer les hommes. C'est l'histoire de cette utopie que nous conte Jean de Viguerie.
   Il y a plusieurs lectures de cet ouvrage. L'histoire du citoyen peut être lu comme un excellent essai historique [...]. Il peut également être lu comme un remarquable essai de sociologie historique qui, un peu à la manière de Carl Schmitt, nous livre une suite de réflexions argumentée sur la nature de la République à travers l'évolution des institutions et des hommes qui l'animent. Toutefois, ces deux grilles de lecture, bien que pertinentes, sont trop réductrices. Cet ouvrage fondamental se situe au-dessus, ou plutôt au-delà, parce qu'il ouvre une perspective nouvelle sur un débat qu'il faudra bien aborder un jour : comment sortir honorablement de ce système politique dont les limites sont aujourd'hui atteintes ? Il doit être lu comme une thèse au sens philosophique et rhétorique du mot. Il est bâti autour d'une affirmation (le citoyen, être mythique créé par et pour la Révolution, est le bras séculier de la République ; sans lui, elle sombre ; sans elle, il meurt) soutenue par un ensemble organisé d'hypothèses, d'arguments et de conclusions. La valeur de cet ouvrage est tout autant dans l'originalité de la thèse, que dans la pertinence des hypothèses, la rigueur des arguments et la force des conclusions. [...].
J. N.

Renaissance des Hommes et des Idées, n°289, novembre - décembre 2015

   [...] La Révolution française est une révolution idéologique qui a eu pour ambition de régénérer la France et de régénérer l'homme afin de l'adapter à ce monde nouveau. La Révolution a voulu donner naissance à une France nouvelle et à un être nouveau parfaitement adapté à ce biotope artificiel. Le citoyen est cet "être nouveau"; il est "l'homme régénéré", ou du moins en voie de régénération.
    [...] La Révolution française a fait du citoyen un soldat prêt à mourir pour la patrie. Les guerres que mène la patrie révolutionnaire sont des guerres idéologiques destinées à exporter les idées révolutionnaires, à imposer le modèle révolutionnaire au-delà des frontières. Comme l'a analysé Clausewitz en 1806, ces guerres idéologiques sont des guerres totales exigeant la destruction de l'adversaire. Les mener exige une mobilisation générale. Une ère nouvelle commence alors, dressant les unes contre les autres des nations armées au cours de guerres incomparablement plus destructrices que les guerres de l'ancien-temps. Les guerres de la Révolution et de l'Empire coûtèrent à la France un million quatre cent mille morts : dix fois plus que les guerres de Louis XIV. La première guerre mondiale coûta la vie à un million trois cent cinquante mille jeunes Français, laissant de nombreux autres mutilés, gazés, psychologiquement perturbés ; hécatombe inhumaine dont notre pays ne s'est jamais complètement remis. Jean de Viguerie souligne la responsabilité accablante de la IIIe République dans cette saignée apocalyptique. Il rappelle que la République a lancé la France dans la guerre sans qu'elle y soit préparée, avec un armement insuffisant et des uniformes inadaptés. Il rappelle qu'elle a prolongé la guerre pendant un an et demi à seule fin de détruire l'empire des Habsbourg qui lui proposait pourtant une paix honorable. L'Union sacrée et la propagande ont permis au régime de surmonter l'épreuve (p.202).
   [...] Selon Vincent Peillon, la République n'est-elle pas une véritable religion dont l'école est le temple et le corps enseignant le clergé, chargé d'opérer cette transsubstantiation qui transformera l'enfant en citoyen au moyen de ces expériences pédagogiques dangereuses qui soulèvent depuis quelques mois un mécontentement de plus en plus marqué ? Et Jean de Viguerie de conclure, p. 268, "L'école est 'la Révolution permanente' ".
Philippe Pichot-Bravard

979-10-90029-89-7
48 Produits

Fiche technique

Couverture
souple
Date de parution
septembre 2014
Dimensions
13.5 x 20.5 cm
Pages
299
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